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Israël veut prendre le contrôle de la bande de Gaza, dit Netanyahu
information fournie par Reuters 07/08/2025 à 20:30

(Précisions)

par Alexander Cornwell et Nidal al-Mughrabi

Israël entend prendre le contrôle de l'intégralité de la bande de Gaza et la faire administrer par des forces arabes, a déclaré jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, malgré des critiques de plus en plus vives dans son pays et au sein de la communauté internationale.

"Nous en avons l'intention", a déclaré Benjamin Netanyahu lors d'une interview accordée à la chaîne américaine Fox News.

"Nous ne voulons pas la conserver. Nous voulons un périmètre de sécurité. Nous ne voulons pas la gouverner. Nous ne voulons pas y être un organe de gouvernance", a ajouté le Premier ministre israélien.

Ces déclarations ont été diffusées avant une réunion du cabinet de sécurité de Benjamin Netanyahu, prévue jeudi, pour discuter des plans devant permettre à l'armée d'étendre son emprise territoriale à Gaza.

Au cours d'une réunion mardi, qualifiée de tendue par plusieurs responsables israéliens, le Premier ministre s'est heurté au refus du chef d'état-major de l'armée face au projet de prise de contrôle totale de l'enclave palestinienne.

Deux sources gouvernementales ont déclaré jeudi que toute résolution du cabinet de sécurité devrait être ensuite approuvée par l'ensemble du cabinet, qui pourrait ne pas se réunir avant dimanche.

Parmi les scénarios envisagés figure une prise progressive des zones de Gaza qui ne sont pas encore sous le contrôle de l'armée, a déclaré l'une des sources, sous couvert d'anonymat.

Des ordres d'évacuation pourraient être émis à l'intention des Palestiniens vivant dans des zones spécifiques de Gaza, ce qui leur donnerait plusieurs semaines avant que l'armée n'intervienne, a ajouté cette source.

Israël avait décidé en 2005 de se retirer de la bande Gaza tout en conservant le contrôle des frontières, de l'espace aérien et des services publics de l'enclave. Selon les partis de droite, cette décision est à l'origine de la prise de pouvoir du Hamas lors des élections de 2006.

INQUIÉTUDE DES FAMILLES D'OTAGES

Le Hamas a qualifié les déclarations de Benjamin Netanyahu de "coup flagrant" porté au processus de négociation.

"Les plans de Netanyahu visant à intensifier l'agression confirment sans aucun doute qu'il cherche à se débarrasser de ses captifs et à les sacrifier", a ajouté le groupe dans un communiqué.

La Maison blanche n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire. Le président américain Donald Trump a refusé mardi de dire s'il soutenait ou s'opposait à une éventuelle prise de contrôle totale de Gaza par Israël.

Selon les sondages d'opinion, les Israéliens souhaitent majoritairement que la guerre se termine par un accord permettant la libération des derniers otages détenus à Gaza par les combattants du Hamas.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu insiste régulièrement sur la nécessité d'une victoire totale contre le groupe palestinien, qui a déclenché la guerre en attaquant Israël en octobre 2023.

L'idée d'une offensive des forces israéliennes dans des zones qu'elles ne contrôlent pas encore, défendue en particulier par les ministres d'extrême-droite de la coalition gouvernementale, suscite l'inquiétude en Israël.

Jeudi soir, devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, des centaines de manifestants se sont rassemblés pour protester contre l'idée d'une guerre élargie, exigeant la fin immédiate de la campagne militaire en échange de la libération de tous les otages.

"J'EN AI ASSEZ DE CE GOUVERNEMENT"

"Je suis ici parce que j'en ai assez de ce gouvernement. Il a gâché notre vie", a déclaré Noa Starkman, 55 ans, qui réside à Jérusalem.

Le Forum des familles d'otages a pour sa part appelé le chef d'état-major Eyal Zamir à s'opposer à une intensification de la guerre et le gouvernement à accepter un accord qui mettrait fin au conflit et aboutirait à la libération des otages restants.

Le ministre de la défense, Israël Katz, a déclaré mercredi que l'armée appliquerait les décisions du gouvernement jusqu'à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints.

Les dirigeants israéliens défendent de longue date l'idée d'un désarmement du Hamas, qui ne devrait en outre plus jouer aucun rôle à l'avenir dans une bande de Gaza démilitarisée.

Le Hamas détient encore 50 otages dont une vingtaine est présumée en vie. La plupart des otages libérés jusqu'à présent l'ont été à la suite d'efforts diplomatiques. Des pourparlers en vue d'un cessez-le-feu qui aurait pu permettre la libération d'autres otages ont échoué en juillet.

Le Hamas, qui a dirigé la bande de Gaza pendant près de vingt ans mais n'en contrôle plus que de rares secteurs, a précédemment insisté pour qu'un accord mette fin à la guerre. Israël affirme pour sa part que le Hamas n'a pas l'intention de tenir ses promesses de quitter le pouvoir par la suite.

L'armée israélienne dit contrôler à l'heure actuelle 75% de la bande de Gaza. L'enclave densément peuplée a été dévastée par près de deux ans de guerre et la quasi-totalité de ses quelque 2 millions d'habitants a déjà été déplacée à plusieurs reprises.

Soumise par Israël à un blocus presque total, la population est au bord de la famine, selon les agences de l'Onu et les organisations humanitaires.

"NOUS AVONS ÉTÉ SUFFISAMMENT DÉPLACÉS ET HUMILIÉS"

"Où devrions-nous aller ? Nous avons été suffisamment déplacés et humiliés", a déclaré Aya Mohammad, 30 ans, qui a été déplacée à plusieurs reprises avec sa famille avant de retourner vivre dans la ville de Gaza.

"Vous savez ce qu'est un déplacement ? Le monde le sait-il ? Cela signifie que votre dignité est anéantie, que vous devenez un mendiant sans abri, à la recherche de nourriture, d'eau et de médicaments", a-t-elle déclaré à Reuters.

Benjamin Netanyahu est soumis à une forte pression internationale pour parvenir à un accord de cessez-le-feu, mais il doit aussi faire face à des pressions internes au sein de sa coalition pour poursuivre la guerre.

Des représentants de l'extrême droite au sein de son gouvernement plaident en faveur d'une occupation totale de la bande de Gaza et d'une réimplantation des colonies par Israël, vingt ans après son retrait de l'enclave.

Plus de 61.000 Palestiniens ont été tués depuis le début de l'offensive israélienne.

(Avec Steven Scheer à Jérusalem et Doina Chiacu à Washington, version française Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault)

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